Une brève histoire de la peinture canadienne


L'art canadien a connu une riche évolution depuis l'arrivée des premiers explorateurs européens qui ont débarqué en Amérique du Nord au début du XVIIe siècle. Cette période de plus de quatre siècles a vu l'évolution de nombreux styles et mouvements artistiques, influencés par les changements sociaux, politiques et culturels qui ont marqué l'histoire du pays. Dans ce premier blogue, je vous propose de retracer brièvement l'histoire de la peinture au Canada, des premières esquisses de la Nouvelle-France à l'émergence de l'art contemporain. Il s'agira d'identifier chronologiquement les événements, les mouvements et les artistes qui ont eu un impact significatif sur l'évolution de la peinture dans le pays.

L'ARRIVÉE

Notre brève histoire de la peinture canadienne débute au début du XVIIe siècle avec l' arrivée de Samuel de Champlain en Nouvelle-France. À cette époque, la peinture au Canada se limite à quelques dessins à l'aquarelle illustrant les voyages de Champlain et les coutumes des peuples autochtones. Durant les années qui suivirent jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, très peu d'activité artistique eut lieu sur le nouveau continent, en raison de la faible population, des efforts de survie lors des hivers rigoureux et des conflits entre Français et Anglais. Au cours de cette période, il y avait des portraits de personnalités religieuses, des scènes de martyre et d'autres peintures à thème religieux réalisées par des missionnaires venus évangéliser les peuples autochtones. Ce n'est qu'à la fin du XVIIIe siècle que les paysages apparaissent de plus en plus.

Après la conquête anglaise en 1760, l'influence française décline et l'école du paysage qui se développe au Canada est influencée par la culture anglaise, allemande et américaine.

Au début du 19e siècle, l'arrivée de plusieurs artistes européens entraîne une véritable émergence de la peinture de paysage dans l'art canadien. Ces peintres ont contribué à la maturation de la peinture au début du siècle. Parallèlement à cette montée de la peinture de paysage, une tradition du portrait s'est développée avec des artistes canadiens travaillant comme portraitistes, produisant des images des élites sociales et politiques du Canada.

Parmi les artistes les plus importants du XIXe siècle, on peut citer Cornelius Krieghoff et Paul Kane. Krieghoff, un immigrant néerlandais, a produit une série de peintures illustrant la vie quotidienne des Canadiens français, des scènes de chasse et de pêche qui capturent l'atmosphère vibrante et colorée des communautés rurales.

Paul Kane, quant à lui, est surtout connu pour son voyage de plusieurs années dans l'Ouest canadien, où il a passé du temps avec les peuples autochtones et peint de nombreux portraits de leurs dirigeants et de leur mode de vie. Ses peintures se distinguent par leur précision ethnographique et leur représentation soignée de la vie autochtone.

Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, l'art canadien a connu une certaine maturation, non pas en termes d'originalité, d'autonomie ou d'émergence d'un style distinct, mais plutôt en termes de fondement technique et stylistique obtenu par l'absorption des influences européennes. Cette absorption a été principalement facilitée par la présence d'artistes immigrés d'Angleterre, d'Allemagne et des Pays-Bas.


Esthétique nationale distincte

Vers la fin du 19e et le début du 20e siècle, il n'existe toujours pas d'école de peinture distinctement canadienne et presque tous les jeunes peintres canadiens vont étudier dans des écoles françaises, créant une forte dépendance aux courants artistiques français. Au cours de cette période, il y a eu une résurgence de peintres canadiens exceptionnels qui ont combiné le mouvement impressionniste avec la paysannerie locale, mais il n'y avait pas d'art d'avant-garde. L'art reste soumis aux dogmes artistiques parisiens. Certains artistes sont restés isolés de cette tendance française et ont développé leur propre style personnel, tandis que d'autres ont suivi un mouvement artistique néerlandais moderne.

En réaction contre l'académisme et le réalisme qui prévalaient à l'époque, la recherche d'un style de peinture indépendant de l'influence européenne avec une esthétique distincte occupe les esprits de la communauté artistique canadienne. Un collectif d'artistes de Toronto compte parmi les plus influents de cette époque, créant un mouvement artistique qui propose une esthétique nationale distincte en peignant des paysages canadiens. Le Groupe des Sept a été fondé en 1920. Ses membres ont parcouru le pays pour capturer la beauté naturelle du Canada et ont créé des œuvres époustouflantes qui ont eu une influence significative sur l'art canadien. Parallèlement au Groupe des Sept dans les années 1920, plusieurs autres artistes ont développé des approches différentes, qui ont été ignorées pendant les années du groupe mais reconnues plus tard dans les années 1930.

Critiqué pour être un club exclusif axé uniquement sur le paysage, une lassitude de ce genre et un désir pour d'autres genres comme les scènes urbaines ou d'intérieur, après plus de 10 ans de popularité, le Groupe des Sept se dissout pour former le « Canadian Group of Painters » . Ce nouveau groupe plus inclusif avait une vision élargie de l'art canadien, allant au-delà des paysages et encourageant des idées et des techniques plus modernes. Le Groupe des peintres canadiens comptera parmi ses membres près d'une trentaine de peintres de grand talent qui auront marqué de leur empreinte la scène canadienne des arts visuels jusqu'au milieu des années 1950.

ART MODERNE

En 1939, John Lyman, éminent critique du Groupe des Sept, fonde la Société d'art contemporain pour promouvoir l'art moderne auprès du public montréalais. Ce club d'artistes était ouvert aux peintres non-académique et a organisé plusieurs expositions dans les années suivantes. Au départ, le groupe avait une tendance au postimpressionnisme, mais sous l'influence de deux de ses membres, Paul Émile Borduas et Alfred Pellan, ce style cède progressivement la place à l'abstraction. Ce groupe a eu une influence importante dans les années 1940, mais son influence est demeurée limitée à l'extérieur de Montréal.

Parallèlement, Borduas forme le groupe des Automatistes en 1942, prônant une démarche artistique expérimentale et intuitive, proche de l'expressionnisme abstrait, une forme d'expression spontanée sans planification préalable. Cette approche a permis aux artistes de créer des œuvres abstraites reflétant leur état d'esprit, leurs émotions et leurs expériences personnelles. En 1948, Borduas publie « Le Refus Global », un manifeste appelant à la révolution sociale et politique, encourageant les artistes à s'exprimer librement, sans être contraints par les conventions sociales et les normes esthétiques établies.

Les années 1950 et 1960 sont marquées par une expansion de l'art abstrait au Canada. En Ontario, un collectif de peintres se réunit sous la bannière des « Painters Eleven » et produit des œuvres abstraites lyriques en réponse aux mouvements de l'expressionnisme abstrait américain et du tachisme français. Ce groupe organise plusieurs expositions et contribue à l'acceptation de l'art abstrait par le public canadien. Un autre groupe d'artistes appelé les "Plasticiens" a émergé au Québec et a produit des œuvres abstraites géométriques qui se concentraient sur les caractéristiques plastiques d'une peinture. Disciples du peintre néerlandais Piet Mondrian, les Plasticiens ont proposé une définition de l'art abstrait où formes géométriques, lignes, couleurs et contrastes étaient utilisés pour créer l'image d'un nouvel objet.

DIVERSIFICATION

La peinture canadienne entre 1960 et 1980 se caractérise par une grande diversité de styles. Les tendances artistiques des décennies précédentes se sont poursuivies. Au cours de cette période, quatre tendances principales peuvent être identifiées : la figuration traditionnelle, la nouvelle figuration, l'abstraction lyrique et l'abstraction géométrique. Il y avait aussi une émergence de l'art autochtone. Les artistes autochtones ont commencé à explorer les traditions artistiques de leur propre culture tout en incorporant des influences contemporaines dans leurs œuvres. Ce fut aussi une période d'expérimentation, avec de nombreux artistes explorant de nouvelles idées du surréalisme, du réalisme magique, de l'art conceptuel, de l'expressionnisme figuratif, etc.

La fin du XXe siècle est marquée par un mélange de styles et d'influences diverses. Les artistes canadiens continuent d'explorer des approches variées, allant du réalisme à l'abstraction, en passant par l'expressionnisme, le surréalisme et d'autres mouvements artistiques.

Certains artistes ont continué à travailler sur la représentation du paysage canadien, avec des œuvres mettant en valeur l'immensité sauvage du pays. D'autres se sont concentrés sur les paysages urbains, notamment ceux de Québec et de Montréal. De nouvelles tendances artistiques ont également émergé, avec une exploration plus approfondie de l'abstraction, du minimalisme et d'autres approches contemporaines.

 
 

Aujourd'hui, de nombreux artistes talentueux continuent d'explorer de nouvelles techniques, de repousser les limites de l'expression artistique et d'aborder d'importants problèmes sociaux et politiques. La peinture canadienne continuera d'évoluer, influencée par les tendances artistiques mondiales ainsi que par les enjeux culturels et environnementaux propres au Canada. De plus, avec les progrès de la technologie et de la numérisation, la peinture canadienne pourrait également évoluer vers de nouvelles formes d'expression artistique, alliant tradition et modernité.

Le diagramme chronologique suivant illustre l'évolution de la peinture au Canada au cours des quatre derniers siècles, plaçant dans le temps les événements, les groupes et certains des artistes les plus importants de notre patrimoine artistique canadien.

 


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