Jean Paul Lemieux, figure marquante de l’art canadien, est né à Québec en 1904. Il a grandi dans le riche contexte culturel et historique de la ville de Québec, où sa famille avait de profondes racines. Son père travaillait pour la Greenshields Company et devint plus tard agent pour la Regent Knitting Mills, lui offrant un style de vie confortable qui lui permit d’explorer ses penchants artistiques.
Premières influences et éducation
Lemieux a passé ses étés d'enfance près de la chute Montmorency, où il a été profondément influencé par la beauté naturelle de la région. En 1914, une rencontre fortuite avec un peintre américain du nom de Parnell, qui travaillait sur de grandes murales à Kent House, a éveillé sa passion pour l'art. Fasciné par le travail de Parnell, Lemieux a commencé à dessiner, ce qui a marqué le début de son parcours artistique qui durera toute sa vie.
En 1916, la famille Lemieux s'installe à Berkeley, en Californie, pour aider sa sœur qui souffre de rhumatismes. Le climat chaud et sec lui est bénéfique et, pendant ce temps, Lemieux poursuit ses études chez les Frères des Écoles chrétiennes. Les voyages de la famille à travers la Californie lui permettent d'élargir son champ d'étude et de découvrir différents styles artistiques et paysages.
De retour au Canada en 1917, la famille Lemieux s’installe à Montréal, où Jean Paul fréquente le Collège Mont-Saint-Louis, puis le Collège Loyola. Mais c’est son inscription à l’École des beaux-arts de Montréal en 1926 qui donne véritablement le coup d’envoi à sa carrière artistique. Sous la tutelle de Charles Maillard, d’Edwin Holgate, de Maurice Félix et d’autres, Lemieux peaufine ses compétences et développe son style unique.
Séjour européen et évolution artistique
En 1929, Lemieux voyage en Europe avec sa mère, où il étudie l'art publicitaire à Paris auprès de M. Seltz de la firme de publicité Dorland. Il suit également des cours à La Grande Chaumière et à l'Académie Colarossi. Durant son séjour à Paris, Lemieux fait la connaissance de Clarence Gagnon, qui travaille à ses illustrations pour « Maria Chapdelaine ». Cette relation avec Gagnon et d'autres artistes du quartier Montparnasse approfondit encore davantage la vision artistique de Lemieux.
De retour à Montréal en 1930, Lemieux s’initie brièvement à l’art commercial en fondant un atelier avec Jean Palardy et d’autres associés. Cependant, la Grande Dépression force la fermeture de leur atelier et Lemieux se retrouve de retour en Californie, où il continue de peindre et de dessiner. Il revient à Montréal en 1934, où il termine ses études à l’École des beaux-arts et commence à enseigner.
Carrière d'enseignant et percée artistique
La carrière d'enseignant de Lemieux débute à l'École des beaux-arts de Montréal, où il continue à enseigner après avoir obtenu son diplôme. En 1935, il s'installe à l'École du Meuble, où il enseigne le dessin et la peinture. Durant cette période, il visite fréquemment l'atelier d'Edwin Holgate, un ancien professeur dont le travail a grandement influencé les paysages de Lemieux. Son admiration pour Holgate est évidente dans des œuvres comme Paysage en Charlevoix.
En 1937, Lemieux revient à Québec et reprend son enseignement à l'École des beaux-arts de Québec. La même année, il épouse Madeleine Desrosiers, une artiste qu'il a rencontrée à l'École des beaux-arts de Montréal. Ensemble, ils exposent chez Morency à Québec en 1938.
Un changement de style : du réalisme au symbolisme
Jusqu'en 1940, les peintures de Lemieux se caractérisent par un style réaliste et décoratif, fortement influencé par Cézanne. Cependant, un changement radical se produit en 1941 avec la création de « Lazare », une grande toile allégorique qui marque une rupture avec ses œuvres antérieures. Ce tableau, qui dépeint l'isolement du vieux Québec pendant la Seconde Guerre mondiale, est une composition complexe qui entremêle les thèmes de la religion, de la mort et du changement imminent.
Lazare et d'autres œuvres de cette période, comme l'Étude pour Emmaüs et Les Disciples d'Emmaüs, témoignent de l'intérêt croissant de Lemieux pour le symbolisme et de son approche unique pour saisir l'esprit du Québec. Son utilisation d'images primitives ou folkloriques, comme l'a noté le Dr Marius Barbeau, est devenue une caractéristique de son travail, lui permettant de transmettre un profond sentiment de solitude et du passage du temps.
La solitude de l'homme : l'œuvre tardive de Lemieux
Dans les années 1950, le style de Lemieux évolue vers une structure plus simplifiée, presque cubiste, comme on peut le voir dans « Les Ursulines », qui remporte le premier prix du Concours de peinture du Québec en 1951. Ce tableau, comme beaucoup d'autres de cette période, est une étude de design, avec des formes rectangulaires et des compositions abstraites qui ne s'éloignent jamais trop de la réalité.
L'année 1954 marque un tournant dans la carrière de Lemieux lorsqu'il reçoit une bourse du Conseil des arts du Canada pour étudier en France. Bien qu'il y ait trouvé peu d'inspiration originale, cette expérience a entraîné une transformation importante de son œuvre à son retour au Canada. Dans les années 1960, ses peintures sont dominées par des personnages solitaires sur fond de vastes paysages austères. Ces paysages, souvent marqués par une simple ligne d'horizon séparant la terre du ciel, évoquent un sentiment obsédant de vide et d'isolement.
Les œuvres de Lemieux durant cette période, notamment « L'Ange blanc » (1960), ont été largement acclamées pour leur représentation évocatrice de la condition humaine. Comme il l'a dit un jour, « je m'intéresse particulièrement à la représentation de la solitude de l'homme et du passage incessant du temps ». Ses peintures ne sont pas seulement des paysages, mais des expressions de son monde intérieur, remplies de souvenirs et de réflexions sur la continuité des générations.
Reconnaissance et héritage
La nature calme et introspective de Lemieux ne laisse pas deviner l'impact de son œuvre sur l'art canadien. Son exposition personnelle à la Galerie Agnès Lefort en 1965 témoigne de sa popularité, les collectionneurs faisant la queue pendant des heures pour acheter ses tableaux. Malgré son aversion pour la célébrité, l'influence de Lemieux continue de croître, culminant avec une exposition rétrospective au Musée des beaux-arts de Montréal en 1967.
En 1968, Lemieux a été nommé Compagnon de l’Ordre du Canada et ses tableaux ont été intégrés à de prestigieuses collections partout au pays, notamment au Musée des beaux-arts du Canada et au Musée des beaux-arts de l’Ontario. Ses œuvres ont également trouvé leur place dans des collections privées, notamment celles de la reine Élisabeth II et d’autres personnalités importantes.
Jean Paul Lemieux est décédé en 1990 à l'âge de 86 ans, laissant derrière lui un héritage de tableaux qui continuent de résonner auprès des spectateurs. Son exploration de la solitude, du temps et de l'expérience humaine a consolidé sa place parmi les artistes les plus importants du Canada. Son œuvre, caractérisée par sa simplicité et sa profondeur émotionnelle, offre une fenêtre unique sur l'âme du Québec et les thèmes universels qui nous relient tous.
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